Lettre ouverte de Marie
Agnès PORTAL à « l’étrange » Monsieur DEUN de
Nice
Monsieur Deun dans sa
bienveillance du moment m’avait écrit que pas une ligne ne
constituerait une quelconque atteinte à la mémoire d’un membre de
ma famille et qu’il s’agissait d’un travail « d’enquête »
pour reprendre ses termes « sur la base de sources
d’informations publiques ».
Tout d’abord qui
est-il pour mener son « enquête »: détective,
justicier ? Non, juste un analyste semble-t-il ! Alors quel
intérêt ? Plus vraisemblablement, satisfaire sa curiosité,
faire parler de lui, se mettre en lumière, après avoir été
lui-même dans l’ombre durant des années. Son travail sert-il à
une quelconque étude psychanalytique ? J’en doute, trop peu
d’expériences puisqu’il débute. Comment peut-il écrire sur le
comportement de personnes qui sont décédées, qu’il n’a jamais
vues et dont les descriptions sont faites par des journalistes qui ne
les ont rencontrées que quelques minutes, ou par des commentaires
d’un gendarme qui rend des comptes à ses supérieurs au moment des
évènements les plus délicats, à moins que ce ne soit juste sur
quelques extraits de documents télévisuels dont nous avons vu, et
lui-même le constate, que les conditions sont tout aussi
particulières.
Nous remarquons que les
sources d’informations « publiques » ne le sont que
dans son vocabulaire à lui. Il s’est approprié mes informations,
mes souvenirs et mon vécu de l’époque pour rédiger certains
passages de son livre, ce qui n’est pas normal, et qui est à mon
détriment.
Prenons l’exemple page
105 de sa manière de voir les gens et en particulier de moi et de sa
bienveillance à mon égard. Jugez donc le passage : « les
murs décrépis et recouverts de dessins naïfs de Marie-Agnès…comme
si les stigmates de la folie se mêlaient à ceux de la misère ».
N’importe quoi, c’étaient des portraits des chanteuses en vogue
à l’époque que j’avais peints sur le mur de la vieille bâtisse
avec le restant de la peinture à l’eau qui avait servi à blanchir
la cuisine. Sorte de tag avant l’heure qui exprimait plutôt ma
joie de vivre ! Il n’a rien compris et une fois de plus il
s’est servi d’une de mes photos pour faire cette allusion
totalement déplacée sur mon état d’esprit du moment.
Il y a plus grave page
124 « Coupés de tout contact….vivant à quatre dans une maison
immense… Dès les années 1960, lorsque les soucis d’argent
et des procédures occupent l’esprit des membres de la famille…ne
peuvent que devenir des vérités obsédantes. La douloureuse
jouissance…..ne s’interrompt finalement jamais. » N’importe
quoi, bien du monde passait à La Fumade, ne serait-ce que le
boulanger avec son pain qui sentait délicieusement bon, le ramasseur
de lait (80 vaches avant les évènements et seulement deux à la
fin), les maîtres valets de la métairie, les voisins, le maquignon,
… et comme nous avions la télévision (une Grandin ) à la
cuisine, nous étions capables de parler de tout et pas que de nos
problèmes. Nous écoutions aussi la radio et pas seulement Radio
France Toulouse comme il l’écrit page 44.
Le summum est atteint
quand Monsieur Deun se permet pages 125 et 126 de décrire la
personnalité de mon frère. Mon frère avait l’amour de sa terre,
c’était sa vie. Il avait même des projets d’une bergerie. Il
n’avait pas l’intention de faire disparaître la Fumade. Il se
permet de conclure que les propos de mon frère sont « certainement
l’indice d’une personnalité mal construite qui aurait fait corps
avec le désir de sa mère…. ». Page 129, c’est du délire.
Il ose écrire « la persévérance d’Anna et l’entêtement
de Jean Louis prennent un autre sens….justifier jusqu’à la
folie, leur propre existence ».Propos révoltants.
Nos parents étaient
justes et aimants. Mon frère était proche de son père avec qui il
entretenait de bonnes relations. Mon père évoquait avec lui la
Première Guerre mondiale et notamment la fois où, grâce à sa
jument, il avait évité en partie les gaz en se réfugiant derrière
elle, ou encore le respect pour la sonnerie aux morts, en pensant à
tous les soldats disparus. Il lui transmettait également son savoir
acquis à l’école d’agriculture d’Ondes. Ma mère n’a jamais
manipulé mon frère, bien au contraire, elle a toujours dit « Faites
ce que vous voulez, mais pas de sang sur les mains ». Comment
Monsieur Deun pouvez-vous juger mon frère alors que vous ne l’avez
jamais rencontré ! Vous vous fondez sur quoi : des
ragots ? Non, nous n’étions pas une famille de « paysans
égarés » comme vous le marquez page 9. C’est vous qui vous
êtes encore égaré une fois de plus.
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